Ose devenir qui tu es : une injonction paradoxale ?
- Sébastien Lay
- 3 avr.
- 2 min de lecture
« Deviens qui tu es. » Cette phrase, attribuée à Pindare puis reprise par Nietzsche, semble d’une évidence trompeuse. Comment pourrait-on devenir ce que l’on est déjà ? Ce qui est, est. Et pourtant, tout l’enjeu réside précisément dans cette apparente contradiction : nous ne sommes pas encore ce que nous sommes.
L’existence n’est pas une donnée fixe, mais un chantier permanent. Il ne suffit pas de naître pour être. Il faut déconstruire, reconstruire, éprouver, choisir. Se façonner n’est pas se trahir ; c’est, au contraire, assumer cette plasticité fondamentale qui nous rend humains.

Le piège du conformisme
On voudrait croire que chacun suit librement sa voie. Mais à y regarder de plus près, combien d’individus poursuivent des rêves qui ne sont pas les leurs ? Combien, par peur du regard des autres, se contraignent à des existences sur-mesure, ajustées aux attentes sociales, mais dénuées de résonance intime ?
Le conformisme est un anesthésiant redoutable. Il nous donne l’illusion du confort en nous privant de la joie. Car il ne suffit pas d’être accepté : encore faut-il se reconnaître dans celui que les autres acceptent.
L’inconfort du choix
Oser devenir qui l’on est, c’est accepter l’inconfort du choix. C’est reconnaître que la liberté n’est pas donnée, mais conquise. Qu’elle implique des renoncements, des erreurs, des doutes. C’est aussi comprendre qu’il n’y a pas de trajectoire idéale, mais une infinité de chemins possibles, dont nous sommes seuls responsables.
Or, la responsabilité est terrifiante. Rien n’est plus rassurant que de se fondre dans un rôle, d’invoquer les circonstances pour justifier une vie tiède et sans relief. À l’inverse, décider de s’affranchir, c’est s’exposer à l’échec. Mais qu’est-ce qui est pire : se tromper en tentant, ou ne jamais essayer du tout ?
L’élan vital
Devenir qui l’on est ne consiste pas à atteindre une vérité statique sur soi, mais à accepter que ce mouvement ne s’arrête jamais. Il ne s’agit pas d’une révélation soudaine, mais d’une succession d’élans, d’intuitions, de réajustements.
Alors, plutôt que d’attendre un signe extérieur, posons-nous la seule question qui vaille : qu’est-ce qui, aujourd’hui, me met en mouvement ? Non pas demain, non pas lorsque les conditions seront parfaites, mais maintenant.
Car au bout du chemin, il ne s’agit pas seulement de réussir ou d’être reconnu. Il s’agit d’éprouver cette satisfaction inestimable : celle d’être, enfin, en accord avec soi-même.
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